Pour Mad Chronicle et moi ainsi que pour un certain nombre de chanceux et chanceuses, le festival commence un jour plus tôt, dès le vendredi 9 juillet 2021. Au camping Le Soleil, les activités sociales d’EDF (CCAS) organisent, pour leurs bénéficiaires, un showcase exceptionnel. Mad et moi sommes un peu nerveux au point d’oublier plusieurs fois nos affaires et de devoir faire plusieurs aller-retour avant d’être surs de tout avoir. Il faut dire que nous allons retrouver, l’un comme l’autre, un environnement que nous n’avons plus côtoyé depuis des lustres. La dernière fois que j’ai travaillé lors d’un concert c’était le 5 mars 2020. C’était il y a une éternité. Je me demande même si je suis encore capable de faire des photos.
Dix-huit heures, enfin de vraies gens prennent place sur les chaises alignées devant la petite scène installée sous un grand arbre, derrière une tente jaune et bleu où des livres sont mis à dispositions des campeurs. Les chevelures sont, pour la plupart, blanches et les yeux sont ridés, mais nous le savions. La population serait âgée, c’est le principe de l’évènement : amener la musique actuelle là où l’on ne l’attend pas. Les jeunes de la colonie Francovoile arrivent, rajeunissant d’un seul coup le public. Ils ne se mêlent pas encore à leurs ainés et restent sagement sur le côté, surement méfiants quant à la programmation. Un peu à l’écart, un ostréiculteur ouvre ses huitres et avec son large sourire, propage sa gaité parmi les quelques personnes qui veulent gouter sa production avant l’heure. Dans la tente faisant office de loge, les artistes se préparent. Le mélange d’impatience, de trac, de bonheur de partager à nouveau y est palpable. Les regards en disent plus long que les banalités que nous échangeons.
Martin Luminet monte sur scène, presque gêné. La musique démarre. C’est la délivrance. Le visage de Martin s’illumine de voir enfin un public. Le mien aussi surement. Pendant trois quarts d’heure, il entrecoupe ses chansons mélancoliques de traits d’humour particulièrement bien vu. Après une courte pause, c’est le tour d’Hippocampe fou que certains d’entre vous (les gens de mon âge en particulier) ont peut-être connu quand il faisait partie de la Secte Phonétik. Il joue devant un public loin d’être gagné à sa cause. Son énergie aura la peau des préjugés des têtes blanches qui finissent, malgré eux, à bouger leurs épaules en rythme. À la fin de sa prestation, Hippo a même le droit à une standing ovation. Si certains ne se lèvent pas, les visages heureux me font dire que c’est surement un problème d’arthrose qui les en empêche.
Je ne ferais pas un compte rendu du concert, Mad fera ça mieux que moi. Je ne suis que photographe après tout. Je ne parlerais pas non plus du repas d’après pendant lequel les gens se sont retrouvés. Certains se sont même pris dans leur bras, se saluant à l’américaine avec un grand hug. D’autres, surement plus pudiques ou plus timides, se sont contentés de se serrer les coudes ou de toucher les poings. Moi, je me suis laissé aller à avoir la larme à l’œil en voyant tous ces visages heureux.
Merci au CCAS, Activités Sociales de l’Energie de m’avoir permis de vivre cet évènement et au camping Le Soleil pour l’accueil. Merci au festival des Francofolies pour l’accréditation. Merci à Mad Chronicles de m’avoir accompagné tout au long du festival des Francofolies 2021.